Galilée

Nous sommes en 1609, et Galilée vient de mettre au point son premier modèle de lunette astronomique. Il n’en est pas l’inventeur,  mais c’est bien lui qui va la tourner vers le ciel pour s’en servir comme d’un instrument d’observation systématique des planètes et des étoiles.

Dans sa légitime recherche de la Vérité, Galilée va être un des premiers à remettre en cause la science de l’Église. Involontairement, sa quête donnera le signal de la remise en cause de la Spiritualité

A cette époque, la science était sévèrement bordée par l’Église, et la théorie officielle ressemblait peu ou prou à ceci :   » la Terre est sphérique, immobile au centre de l’Univers, et le soleil et les étoiles tournent autour d’elle « .   Quelques années auparavant, la Terre était tenue pour plate et bordée par les enfers. Comme quoi tout progresse…

Dans les faits, et en tenant compte des postulats précédents, les trajectoires apparentes des planètes présentaient des caractéristiques pour le moins étranges… Leur progression dans le ciel faisait apparaître des phases d’arrêt, puis de recul, puis à nouveau de reprise de leur marche en avant.

Pour un scientifique de la trempe de Galilée, tout entier tourné vers la nature,  médecin, mathématicien, scientifique et inlassable curieux, cette vision du ciel ne peut tout simplement pas être.

De ses recherches sur le centre de gravité des solides, Galilée sait mieux que quiconque qu’un objet lancé tourne autour de son centre de gravité, et ne revient JAMAIS en arrière. L’explication du mouvement de ces planètes donc doit être nécessairement plus simple.

C’est d’ailleurs l’un des principes fondamentaux de la Science : « De deux théories existant pour expliquer un même phénomène, la plus simple est toujours la meilleure ».  Sage principe, mais ô combien peu respecté de nos jours.

Et Galilée tourne sa lunette vers les profondeurs de la nuit…


Sa première lunette ne grossit que… 3 fois ! (il fera mieux plus tard, poussant le grossissement jusque 30 fois). Mais Galilée est méticuleux, et patient. Il observe le ciel nocturne, mesure et consigne tout, calcule les relations entre les astres… et publie un livre dans lequel il défend la théorie de Copernic : la Terre n’est pas le centre de l’Univers, elle tourne autour du soleil, comme les autres planètes visibles.

Une opposition farouche

Le pape Urbain VIII, dont Galilée est l’ami, veut bien accepter une présentation neutre des deux théories, l’officielle basée sur le géocentrisme (Terre au centre), et celle héliocentrique (Soleil au centre…) que défend Galilée.  Mais pas  ce véritable plaidoyer où Galilée lamine la théorie géocentrique soutenue par l’Église !

Mais Galilée s’obstine… Sa théorie crée un véritable tollé.  De multiples attaques sont déclenchées contre ses travaux et lui-même,  par les gardiens de la théorie du géocentrisme. Mais sans grands effets, car les observations et les explications de Galilée tiennent la route !

 «  Monsieur Galilée, comptez-vous à présent ré-écrire la Bible afin de la faire correspondre à vos théories ? » 

C’est l’Église qui s’exprime ainsi. La question est doucereuse, mais le danger est grand, très grand, et Galilée le sait parfaitement. Car au-delà de la question d’astres se déplaçant dans le ciel, ce sont les fondements que l’Église s’était donnés qui sont menacés. Et l’Église est toute puissante !  Et l’Inquisition est là pour le rappeler aux imprudents qui l’ont oublié…

L’Inquisition lui laissera le choix : abjurer ses découvertes, ou être déclaré hérétique. Et ça brûle très bien, un hérétique !

Et Galilée abjura…

« Moi, Galileo Galilei, fils de feu Vincent Galilée, Florentin, âgé de 70 ans, constitué personnellement en jugement, et agenouillé devant vous, Éminentissimes et Révérendissimes Cardinaux de la République Universelle Chrétienne, Inquisiteurs généraux contre la malice hérétique, ayant devant les yeux les Saints et Sacrés Évangiles, que je touche de mes propres mains, je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la Sainte Église Catholique et Apostolique Romaine;

Mais parce que ce Saint Office m’avait juridiquement enjoint d’abandonner entièrement la fausse opinion qui tient que le Soleil est le centre du monde, et qu’il est immobile; que la Terre n’est pas le centre et qu’elle se meut; et parce que je ne pouvais la tenir, ni la défendre, ni l’enseigner d’une manière quelconque, de voix ou par écrit, et après qu’il m’avait été déclaré que la susdite doctrine était contraire à la Sainte Écriture, j’ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel je traite cette doctrine condamnée, et j’apporte les raisons d’une grande efficacité en faveur de cette doctrine, sans y joindre aucune solution; c’est pourquoi j’ai été jugé véhémentement suspect d’hérésie, pour avoir tenu et cru que le Soleil tait le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait.

C’est pourquoi, voulant effacer des esprits de vos Éminences et de tout chrétien catholique cette suspicion véhémente conçue contre moi avec raison, d’un cœur sincère et d’une foi non feinte, j’abjure, maudit et déteste les susdites erreurs et hérésies, et généralement toute autre erreur quelconque et secte contraire à la susdite sainte Église; et je jure qu’à l’avenir je ne dirai ou affirmerai de vive voix ou par écrit, rien qui puisse autoriser contre moi de semblables soupçons; et si je connais quelque hérétique ou suspect d’hérésie, je le dénoncerai à ce Saint Office, ou à l’inquisiteur, ou à l’ordinaire du lieu où je serai. Je jure en outre, et je promets, que je remplirai et observerai pleinement toutes les pénitences qui me sont imposées ou qui me seront imposées par ce Saint Office; que s’il m’arrive d’aller contre quelques-unes de mes paroles, de mes promesses, protestations et serments, ce que Dieu veuille bien détourner, je me soumets à toutes peines et supplices, par les Saints canons et autres constitutions générales et particulières, qui ont été statués et promulgués contre de tels délinquants.

Ainsi, Dieu me soit en aide et ses saints Évangiles, que je touche de mes propres mains. Moi, Galileo Galilei susdit, j’ai abjuré, juré, promis, et me suis obligé comme ci-dessus; en foi de quoi, de ma propre main j’ai souscrit le présent chirographe de mon abjuration et l’ai récité mot à mot à Rome, dans le couvent de Minerve, ce 22 juin 1633. Moi, Galileo Galilei, j’ai abjuré comme dessus de ma propre main. »

Malgré les apparences, l’Église venait de mettre un genou à terre. La Théorie de Galilée allait l’emporter haut la main quelque années plus tard.

Dans sa chute, et par ses innombrables fautes, l’Église allait entrainer la spiritualité, privant les connaissances associées de tout fondement. Le savoir ancestral n’allait pas y résister.

Le modèle géocentrique fut définitivement abandonné vers 1750.

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